Une urgence de satisfaction
Une urgence de satisfaction [1]
Jacques-Alain Miller
En tous les cas, « le mirage de la vérité » a un « terme », celui de l’inconscient réel qui se voit, qui s’apprécie à « la satisfaction qui marque la fin de l’analyse ».[2]
Il n’y a pas de façon plus sobre, plus délicate, de le dire. Il y a fin de l’analyse quand il y a satisfaction. Cela suppose sans doute une transformation du symptôme qui, d’inconfort, de douleur, délivre la satisfaction qui, depuis toujours, l’habitait, l’animait. Le critère est de savoir y faire avec son symptôme pour en tirer de la satisfaction.
D’où la thèse que Lacan formule selon quoi l’analyse préside à une urgence. Cela va plus loin que de coordonner l’analyse à une demande. Ce qu’on appelait demande, du point de vue du symbolique, est en fait « la requête d’une urgence ».[3] C’est ce qui se jauge aux entretiens préliminaires. Y a-t-il ou non urgence de satisfaction? Le sujet en est-il au point de ne plus savoir rien faire avec son sinthome que de la souffrance?
1. Miller, Jacques-Alain, « La passe bis », La Cause freudienne 2007/2 (N° 66), p. 212.
2. Lacan, Jacques, “Préface à l’édition anglaise du Séminaire XI”, The Lacanian Review 6, « ¡Urgent! », tr. R. Grigg, NLS, Paris, 2018, p. 24.
3. Ibid.